Les cours sur la psychiatrie dans ma faculté étaient mauvais

dessin de figure en 3d composé de plusieurs rectangles qui se tiennent dans l'espace
Vous, étudiants en santé, êtes en train de construire dans votre esprit les concepts sur les maladies, les agencer, en comprendre les tenants et aboutissants pour au final savoir soigner les gens. Je trouve qu'on ne vous guide pas assez clairement dans cette acquisition.

Durant mes études de médecine, dans une des plus réputés faculté de France, on expliquait, je pense, très mal la schizophrénie, donnant l’impression que les patients schizophrène ont le cerveau monté à l’envers! Que les idées qu’ils ressentent sont pas normales, qu’il faut pas chercher à les comprendre car c’est insensé, qu’il doit y avoir quelques chose de foiré dans leur cerveau.

Les cours à la fac donnaient, je trouve, l’impression que pour la schizophrénie et pour les pathologies psychiatriques, que le cerveau du patient réagit de manière totalement aberrante!

Il me semble que dans le milieu médical les impressions, les idées sur les patients schizophrènes sont pires que dans la population en général à cause des cours qui expliquent très mal. Après le fait d’avoir fait un stage dans un service de psychiatrie va généralement aider les soignant à mieux comprendre.

J’avais peur aussi moi même quand je n’étais pas traité qu’il y ait quelque chose de vraiment foiré dans mon cerveau, même si l’idée qu’on me prenne pour un quelqu’un d’insensé me dérangeait beaucoup aussi.

Mais comme je l’ai déjà dit, je pense que cette manière de voir les choses est fausse et que le fonctionnement de base du cerveau est bon, mais que certaines fonctions sont extrêmement exacerbées ou diminuées.

Voici un autre argument pour cette idée: si jamais une idée un peu inquiétante vous venait à l’esprit, comme le fait qu’un avion risquerait de vous tomber dessus et de vous tuer, immédiatement vous relativiseriez le risque, si l’idée vous a inquiété un instant, l’instant suivant vous à permis de vous dire que le risque est très improbable, et l’idée de la mort même si jamais ça arrivait n’est pas si grave.

Par contre si 5 idées inquiétantes vous venaient à l’esprit chaque instant, que je vous redoutiez la mort parce que vous l’imaginez comme un vide froid et inhumain, que vous redoutiez les souffrance provoquant la mort, que vous n’ayez pas le temps de relativiser ces idées inquiétantes qui vous viennent à l’esprit que déjà 5 nouvelles idées inquiétantes sont arrivées à vous, vous seriez psychotiques, pourtant les idées ne sont pas différentes d’un esprit normal mais juste plus intense et plus fréquente que sur un esprit normal.

Aussi il ne faut pas chercher midi à 14h, et il ne faut pas se fier aux rumeurs qui circulent sur telle ou telle pathologie, par exemple pour les anorexiques, bien qu’elles puissent réellement souffrir de nombreux autres symptômes à cote de leur anorexie, je suppose qu’elles ne mangent pas sûrement d’abord parce qu’elles n’ont pas faim. Moi je crois qu’il y a une anomalie biologique qui provoque ça.

Je pense qu’un mécanisme se met en place et provoque le fait qu’elles ont autant faim que quelqu’un qui vient de finir un énorme repas de 800g, alors qu’elles ont le ventre vide. C’est pourquoi elles sont dégoûtées de la bouffe. Quel mécanisme provoque qu’elles n’ont pas faim? c’est une vraie question à se poser, je crois que des scientifiques avaient mis en avant que des bactéries dans l’intestin créent un molécule proche de l’hormone de satiété, c’est par exemple une idée à explorer, et que peut être lorsque la boulimie se déclenche, c’est parce qu’il y a une réaction auto immune contre ces molécules qui, au final, bloquent l’hormone de la satiété et provoque ainsi une grande faim.

Je crois que parfois les filles anorexique veulent se faire maigrir encore plus car elles se trouvent trop grosses, attention en tant que médecin à ne pas généraliser forcément, toutes les patientes (et patients même si c’est plus rare pour les hommes) ne ressentent forcément cela, ou du moins, elles peuvent avoir conscience que c’est un ressenti exagéré et que c’est dangereux pour leur vie.

J’ai déjà vu des médecins être persuadé que ces patientes veulent maigrir pour être belle car la rumeur dit que les anorexiques pensent ainsi, alors qu’elles même témoignent que ce n’est pas le cas, et bien que je ne puisse pas lire dans la pensées des patients, je pense que ce n’était pas le cas. Une amie à moi ayant eu de l’anorexie et étant médecin m’a donné l’impression dans son témoignage que quand elle était hospitalisé adolescente pour son anorexie, les médecins semblaient persuadés qu’elle voulait maigrir, alors qu’aujourd’hui elle me dit qu’elle ne voulait pas maigrir mais qu’elle avait énormément de difficultés à manger… Je crois que si on veut avoir le point de vue exacte de patients ayant certaines maladies, il faut se pencher sur des témoignages de ces patients mais quand ils vont mieux, et non sur les rumeurs qui circulent dans le milieu médical. Il ne faut pas mépriser ces patients et les prendre pour des idiots comme je l’ai déjà vu faire par des médecins, ou leur imposer l’idée qu’ils ont des idées qu’ils n’ont pas.

Effectivement comprendre le ressenti des patients n’est pas évident du tout. Mais ce n’est pas parce que ce n’est pas évident qu’il ne faut pas essayer.

Je pense que le mieux pour que les médecins comprennent le ressenti des patients, si c’est un sujet qui intéresse le médecin, c’est de se baser sur les témoignages des patients ainsi que sur la parole des pair aidant.

Soyez prudent et essayez de ne pas révéler une des pensées du patient dont il a honte. Mais je pense qu’il est important de tenter de comprendre le patient et de communiquer avec lui sur son ressenti, si il le veut bien et que le traitement qu’il prend lui diminue suffisamment son délire (ce qui est le cas de quasiment tout les schizophrènes sous traitement).

Dessins de plusieurs figures géométrique en 3D sur un plan oblique, un ressort, un cadre rectangulaire, une voûte dans une église etc.
Il peut être difficile de comprendre les idées qui nous passent en tête, de les classer, de les décrire.

C’est normal qu’il soit difficile de comprendre les patients car il est très dur de ressentir chez quelqu’un d’autres ce dont on n’a jamais ressenti.

C’est également difficile de comprendre les patients, parce que, je crois, il y a une espèce de crainte du patient dans pas mal de pathologie à dire ce qu’il ressent car il peut avoir honte de ses idées, comme par exemple quand j’avais honte d’être fou.

Ou bien il n’arrive pas à s’expliquer à lui même et donc aux autres, ce qu’il ressent, par manque de capacité d’introspection ou par un ensemble d’idées qui lui envahissent l’esprit et l’empêche de se comprendre. Du coup cela rend la compréhension de ce que ressent le patient difficile.

Par exemple pour moi, je redoutais de dire que j’étais parano à un médecin car je redoutais d’être enfermé, c’était bien sûr sans traitement.

Je redoutais de raconter les détails de mon mal-être car j’aurai pensé que mes interlocuteurs auraient fini par penser que j’étais complètement malade et dangereux, et l’idée qu’ils me voient comme cela, ne m’aurait jamais quitté.

Aussi les patients peuvent avoir l’impression que ce qu’ils ressentent est évident, que les autres doivent bien savoir, que ça se voit. Pourtant pas forcément. Du coup ils ne vont pas témoigner de ce ressenti là.

Il y a aussi les patients timorés qui mentent dans leur témoignage et qui tordent ce qu’ils ressentent pour cacher aux autres et à soi même ce qu’ils pensent, par honte de ces pensées. C’était mon cas avant le bactrim (un traitement que j’ai essayé et qui je trouve m’a beaucoup aidé).

Aussi il ne faut pas catégoriser mal les patients par leur pathologie. Voici ce que j’ai écrit un jour dans une réponse sur un forum, et c’est comme ça qu’on devrait utiliser les termes psychiatriques pour mieux aider les gens, et non les catégoriser:

Dans le domaine de la psychologie on retrouve dans la majorité des situations, des types de ressentis ou d’idées que d’autre personnes ont et les font souffrir, on regroupe ça sous un nom de maladie, terme qui peut être blessant, comme par exemple trouble bipolaire ou autre. Cependant si le psychologue ou le médecin fait bien son travail ce terme doit aider à mieux comprendre son patient et non a l’identifier comme quelqu’un de pas normal, dont les gens ayant la même pathologie ont tous les mêmes pensées et le même comportement. Les facs devraient dire dans leur cours qu’il ne faut pas catégoriser les gens ainsi, mais plutôt chercher à les comprendre.

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